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Les préparations à l’officine

Mise à jour : juillet 2023

Introduction

La fabrication industrielle des spécialités pharmaceutiques ne doit pas faire oublier la nécessité pour le pharmacien de la maîtrise des préparations à l’officine. Analyser et exécuter des préparations magistrales et officinales constitue une obligation légale même si la reconnaissance par le Code de la Santé Publique de l’activité de sous-traitance a fait évoluer ces éléments. 

À l’occasion du stage officinal d’initiation, l’étudiant en pharmacie va découvrir le préparatoire et s’initier à la préparation de certaines prescriptions magistrales. Ce premier contact doit être l’occasion d’acquérir un certain nombre de gestes de base et de développer certains réflexes. 

Par ailleurs, la délivrance au public d’un médicament ne peut être envisagée que si ce dernier a été préalablement contrôlé, et le lot accepté. Il est donc nécessaire de connaître également, pour chacune des formes pharmaceutiques effectuées à l’officine, les contrôles requis par la Pharmacopée. 

Définitions

Préparations magistrales officinales

CSP art. L.5121-1. Modification par la loi n°2007-248 du 26 février 2007

On entend par préparation magistrale, tout médicament préparé extemporanément au vu de la prescription destinée à un malade déterminé, soit dans la pharmacie dispensatrice, soit, dans des conditions définies par décret, dans une pharmacie à laquelle celle-ci confie l’exécution de la préparation par un contrat écrit et qui est soumise pour l’exercice de cette activité de sous-traitance à une autorisation préalable délivrée par le représentant de l’État dans le département après avis du directeur régional des affaires sanitaires et sociales.

On entend par préparation officinale, tout médicament préparé en pharmacie, inscrit à la pharmacopée ou au Formulaire National et destiné à être dispensé directement aux patients approvisionnés par cette pharmacie. 

Le Formulaire National a été revu en 2012 et l’édition 2012 peut être consultée sur le site de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé).

Préparations pouvant présenter un risque pour la santé

Un arrêté du 14 novembre 2014 fixe la liste des préparations pouvant présenter un risque pour la santé. 

Le décret n°2014-1367 du 14 novembre 2014 relatif à l’exécution et à la sous-traitance des préparations magistrales et officinales précise que :

  • L’exécution de préparations pouvant présenter un risque pour la santé est soumise à une autorisation du directeur général de l’Agence Régionale de Santé (ARS) après demande préalable d’autorisation (article R. 5125-33-1 du CSP).
  • L’autorisation n’est accordée qu’après enquête d’un inspecteur de l’agence régionale de santé et précise alors les formes pharmaceutiques et les activités autorisées.

Les bonnes pratiques de préparation (BPP)

Les préparations pharmaceutiques concernées regroupent les préparations réalisées dans les pharmacies hospitalières et les officines de ville. Elles sont destinées à un ou plusieurs malades lorsqu’il n’existe pas de médicament adapté ou que le médicament est indisponible. La décision d’application de ces Bonnes Pratiques de Préparation a été publiée au Journal Officiel (JO du 21/11/2007)

Ce texte de référence opposable est destiné à garantir la qualité des préparations pharmaceutiques. Les préparations magistrales et officinales doivent être réalisées en conformité avec ces BPP. Le détail de ces BPP sera repris plus loin dans ce même chapitre.

Attention, de nouvelles Bonnes Pratiques de Préparation ont été publiées en septembre 2022 à partir d’une analyse de risque. Elles rentreront en application à compter du 20 septembre 2023. Ces BPP sont disponibles en ligne et un exemple de dossier de préparation est également fourni.

L’activité de sous-traitance

« Une officine peut confier l’exécution d’une préparation par contrat écrit à une autre officine qui est soumise, pour l’exercice de cette activité de sous-traitance, à une autorisation préalable délivrée par le directeur général de l’Agence Régionale de la Santé ». Art. L. 5125-1 du CSP

Dans le cas où un pharmacien d’officine confie à un confrère la réalisation d’une préparation magistrale qu’il n’est pas en mesure de réaliser (procédé spécialisé, problème d’approvisionnement…), les conditions décrites dans les Bonnes Pratiques de Préparation doivent être respectées. En effet, la sous-traitance n’exonère pas le pharmacien dit donneur d’ordre de sa propre responsabilité.

Le déconditionnement des spécialités

Second décret d’application de la loi « Talon » n°88-818 du 22 septembre 1982 :

Une spécialité pharmaceutique relevant de la réglementation des substances vénéneuses ne peut faire l’objet d’un déconditionnement par le pharmacien d’officine en vue de son incorporation dans une préparation magistrale. Cette interdiction n’est pas applicable aux spécialités destinées à être appliquées sur la peau.(…) (R 5132-8 du CSP) 

Cependant, les pharmaciens d’officine peuvent être confrontés à la nécessité de déconditionner des spécialités pour réaliser des préparations magistrales (notamment en cas d’ajustement thérapeutique en l’absence de spécialités équivalentes). 

Le CSP (R 5132-8 modifié par le Décret n°2009-1283 du 22 octobre 2009 – art. 2) et les BPP encadrent cette possibilité si plusieurs conditions sont réunies :

  • à titre exceptionnel et en lien avec le prescripteur.
  • dans le cas où il n’existe pas de spécialité pharmaceutique adaptée Cela peut être le cas pour une préparation pédiatrique. 
  • dans le cadre d’une pathologie pour laquelle cette spécialité n’existe pas.

Responsabilité

Bonnes Pratiques de Préparation- Journal Officiel (JO du 21/11/2007). 

La préparation est menée sous la responsabilité d’un pharmacien titulaire ou adjoint, par des personnes compétentes et qualifiées (pharmaciens ou préparateurs en pharmacie). Le pharmacien a la responsabilité de décision de réalisation des préparations et en apprécie la faisabilité.

L’ensemble des activités reliées au processus de fabrication s’inscrit dans le système de gestion de la qualité mis en place dans la structure. C’est ainsi qu’un PRAQ (pharmacien responsable de l’assurance qualité) a obligation à gérer la qualité au sein de chaque officine.

  • Le pharmacien veillera à préciser clairement, si possible par écrit, les attributions du personnel.
  • Il veillera à la formation et à l’actualisation des connaissances du personnel.
  • Il élaborera un ensemble de règles d’hygiène, sous forme d’un document écrit qui est porté à la connaissance du personnel. Il veillera à la propreté du préparatoire.
  • Il réalisera le suivi des appareils de mesure (balances).
  • Il assurera la veille documentaire et l’archivage des documents relatifs aux opérations de fabrication.

La documentation nécessaire

Bonnes Pratiques de Préparation – Journal Officiel (JO du 21/11/2007). 

La documentation est un outil de transmission et de conservation de l’information, essentiel à la gestion de la qualité. Les documents utiles sont :

  • Documents nécessaires pour la validation de la préparation tels que des données pharmacologiques et toxicologiques. Les tableaux de posologie de la Pharmacopée Française datent de 1988 et n’ont pas été révisés et réédités. Il est donc important de vérifier les posologies à partir d’autres sources fiables (Thériaque, ANSM…).
  • Procédures et instructions générales
  • Registre des matières premières (voir plus loin)
  • Dossier de lot de fabrication, fiche de fabrication et registre des préparations (voir fiche de fabrication en annexe 3).
  • Ordonnancier des préparations

Ces documents contiendront tous les éléments essentiels en termes d’assurance de la qualité et de traçabilité de la préparation. C’est ainsi qu’on devra y trouver :

  • Matière première : n° de lot et fournisseur, dénomination permettant de retrouver la matière première dans le registre des matières premières,
  • les quantités pesées (tickets de pesée) ou mesurées,
  • les modes opératoires, 
  • les contrôles (poids, uniformité de masse, aspect physique…),
  • nom de la personne ayant effectué la préparation,
  • validation par le pharmacien responsable. 

L’ensemble des dispensations de préparations terminées fait l’objet d’une transcription sur un livre-registre (support papier) ou d’un enregistrement sur support informatique.

Ces enregistrements chronologiques comportent :

  • Un numéro d’ordre chronologique ou « numéro d’ordonnancier »,
  • Le nom et l’adresse du prescripteur,
  • Le nom et l’adresse du patient,
  • Le nom de la préparation,
  • La composition qualitative et quantitative avec indication du numéro de lot de la préparation,
  • Le nombre d’unités délivrées,
  • L’identification de la personne ayant réalisé la préparation,
  • La date de délivrance.

Locaux, matériels et personnes habilitées

Le préparatoire est réservé à l’exécution et au contrôle des préparations magistrales et officinales et doit correspondre aux normes prévues par les BPP. Le cas échéant, ce local peut être utilisé de manière non simultanée pour la préparation des doses à administrer (R.5125-9 du CSP).

Le matériel sera maintenu propre et en bon état de fonctionnement selon des procédures adaptées. Les appareils de mesure font l’objet de contrôles réguliers dont le résultat sera consigné. C’est ainsi qu’un contrôle annuel des balances électroniques est effectué par un organisme agréé.

Le personnel habilité à réaliser les préparations devra respecter des règles d’hygiène. Il doit revêtir une tenue propre : une blouse, une charlotte, des gants à usage unique et éventuellement un masque, des lunettes et des sur-chaussures. Par ailleurs, un rappel sur la nécessité du lavage des mains avant et après chaque préparation pourrait être affiché dans le local du préparatoire.

Matières premières

Cela concerne les principes actifs, excipients et éléments de mise en forme pharmaceutique administrés chez l’homme (gélules…). Les matières premières doivent répondre aux spécifications de la Pharmacopée Européenne dernière édition et doivent être des matières premières à usage pharmaceutique.

Après leur réception, les matières premières sont mises en quarantaine, pour contrôle de conformité, jusqu’à la décision d’acceptation ou de refus. Chaque récipient est examiné pour en vérifier l’intégrité et l’étiquetage. Les matières premières reçoivent un numéro d’ordre d’identification qui est reporté sur le conditionnement primaire.

Contrôles de conformité

Dans le cas de matières premières contrôlées par un établissement pharmaceutique, l’assurance du contrôle est apportée par un certificat d’analyse ou de conformité du lot. Ce certificat n’est pas toujours envoyé avec la commande, mais peut-être consultable en ligne sur le site du fournisseur. Il est à archiver dans l’officine.

Si l’établissement fournisseur n’est pas un établissement pharmaceutique, il incombe au pharmacien d’officine de contrôler les matières premières selon les monographies de la Pharmacopée. La matière première est alors affectée d’une référence de contrôle propre à l’officine qui est portée sur le registre de matières premières et sur l’étiquette du récipient.

Si une spécialité pharmaceutique est utilisée en tant que matière première dans le cas où il n’existe pas de spécialité pharmaceutique permettant l’ajustement du dosage ou de la forme galénique, aucun contrôle de celle-ci n’est exigé.

En l’absence de date de péremption, on apposera une date limite d’utilisation.

Registre des matières premières

Celui-ci devra comporter :

  • la désignation de la matière première, 
  • la quantité reçue et le nombre de contenants, 
  • le nom du fournisseur, 
  • le numéro de lot apposé par le fournisseur,
  • la date de réception,
  • le numéro d’ordre d’identification donné lors de la réception à l’officine (à reporter sur le conditionnement reçu),
  • le numéro de référence du contrôle (soit le n° de référence du certificat d’analyse pour les matières premières venant d’un établissement pharmaceutique, soit le n° de référence donné par l’officine lorsque la matière première a dû être contrôlée au niveau de l’officine),
  • le bulletin d’analyses reçu ou édité : oui ou non,
  • l’acceptation ou le refus avec la signature du pharmacien responsable.

Stockage

Un échantillon de chaque lot de matières premières est conservé dans une échantillothèque.
On veillera à ne pas mélanger plusieurs lots de matière première dans le même récipient.
On sera attentif à une bonne rotation des stocks et à la péremption des matières premières. Si nécessaire, la destruction sera assurée selon les procédures définies.

Art. R. 5132-26 CSP (modifié par le Décret n°2007-157 du 5 février 2007)

Le stockage des substances vénéneuses sera assuré selon la législation en vigueur.

  • Les médicaments relevant de la liste I sont détenus dans des armoires ou des locaux fermés à clef et ne contenant rien d’autre, à l’exception des substances dangereuses classées comme très toxiques ou toxiques, en application de l’article L. 5132-2.
  • Les médicaments relevant de la liste II sont détenus séparément de tout autre médicament, produit ou substance, à l’exception des substances classées comme nocives, corrosives ou irritantes, en application de l’article L. 5132-2.
  • Toutefois, dans les établissements mentionnés à l’article R. 5124-2 et à l’article R. 5142-1, les médicaments et substances, préparations et produits relevant de la liste I et de la liste II sont détenus en un lieu ou un emplacement dont l’accès est réservé au personnel autorisé.

Les dispositions des trois alinéas précédents ne sont pas applicables aux spécialités pharmaceutiques ayant fait l’objet du conditionnement sous lequel ils sont délivrés aux utilisateurs. Les médicaments mentionnés au présent article sont disposés de façon à ne pas être directement accessibles au public.

Etiquetage des matières premières acceptées

L’étiquette comportera, outre les mentions apposées par le fournisseur, la date de réception dans l’officine et un numéro d’ordre d’identification donné à l’arrivée dans l’officine. L’étiquetage des substances vénéneuses sera assuré selon la législation en vigueur (voir annexe 1)

Les récipients ou emballages contenant des médicaments relevant des listes I et II et qui n’ont pas fait l’objet d’un conditionnement destiné au public sont revêtus d’une étiquette d’un format adapté à leur volume, apposée de manière à ne pouvoir être involontairement détachée. Art. R. 5132-24 CSP
Cette étiquette porte de façon apparente, en caractères lisibles et indélébiles, les indications suivantes :

  1. La dénomination du contenu ;
  2. Le nom ou la raison sociale et l’adresse ou le siège social du fabricant ou du distributeur ou de l’importateur ;
  3. Pour les médicaments relevant de la liste I, une tête de mort à tibias croisés imprimée en noir, sur un fond carré de couleur orangé-jaune et de dimensions suffisantes ; ce carré est placé à l’angle supérieur gauche de l’étiquette ;
  4. Pour les médicaments relevant de la liste II, une croix de Saint-André imprimée en noir sur un fond carré de couleur orangé-jaune et de dimensions suffisantes ; ce carré est placé à l’angle supérieur gauche de l’étiquette.

La préparation

Avant d’entreprendre toute préparation, le pharmacien doit procéder à l’analyse pharmaceutique de la prescription :

  • Lire le texte de la prescription dans sa totalité et s’assurer qu’on a tout compris, sans hésiter sur un mot ou une posologie,
  • Vérifier systématiquement 
    • si les posologies par prise et/ou par 24h sont respectées
    • si les composants sont inscrits sur les listes des substances vénéneuses
    • si les composants présentent une incompatibilité physico-chimique entre eux,
  • Vérifier les quantités demandées et les abréviations telles :
    • FSA (Fac Secundum Artem) (Faire selon l’art)
    • ââ (ana partes aequales) (à parties égales)
    • QS (Quantité Suffisante)
    • QSP (Quantité Suffisante Pour).

Il ne faut pas confondre les doses usuelles et doses maximales (Recueil de posologie, Pharmacopée Française, Xème édition, 1988 et mises à jour du J.O.) avec les doses d’exonération dont il faut tenir compte pour l’étiquetage et la dispensation (“Substances vénéneuses – Listes et exonérations” Les éditions des Journaux Officiels. Mise à jour de 2009).

Modifier une dose dépassée après concertation avec le médecin :

Attention ! La confirmation par le médecin “je dis…” n’exonère pas le pharmacien de sa responsabilité.

Vérifier sa conformité à la législation (notamment aux décrets pris en application de la loi dite TALON).

Résoudre les éventuels problèmes d’ordre pharmaceutique et galénique.

Réflexion sur les excipients à effet notoire (EEN) : il appartient au pharmacien de vérifier auprès du patient que ce dernier ne présente pas de contre-indications vis-à-vis de ces excipients (déficit enzymatique, diabète, allergie…). La liste des EEN est remise à jour régulièrement et est consultable sur le site de l’ANSM.

Quelques consignes simples…

  • Une seule préparation à la fois.
  • Une seule personne pour réaliser une préparation.
  • Ne pas interrompre avant la réalisation complète de la préparation.
  • Les modalités de préparation sont consignées au fur et à mesure de leur déroulement.
  • Le manipulateur respecte les règles d’hygiène (lavage des mains, gants, coiffe et masque si nécessaire) et s’assure de la propreté du local (paillasse…) et du matériel.
  • Les récipients sont ouverts et refermés en évitant toute contamination croisée avec d’autres matières premières et toute contamination microbienne.

Contrôles de la préparation

Toute préparation magistrale ou officinale terminée, encore appelée “produit fini”, doit satisfaire à certains contrôles avant sa dispensation au patient. 

Les essais à effectuer et les normes à respecter sont précisés dans la Pharmacopée Européenne 11ème édition :

  • Monographies des formes pharmaceutiques 
  • Essais de pharmacotechnie

Ces contrôles sont malheureusement rarement effectués et le pharmacien d’officine doit y veiller puisqu’il engage sa responsabilité. Seul un pharmacien au sein de l’officine est apte à procéder à la libération des préparations suite aux résultats de ces contrôles (signature du pharmacien apposée sur la fiche de fabrication et l’ordonnancier).

Les contrôles effectués à l’officine sont simples mais restent efficaces et non destructeurs, compte tenu des petites quantités fabriquées.

Le pharmacien doit toujours garder à l’esprit que ces contrôles garantissent : 

  • la qualité du produit (dosage, homogénéité, stabilité),
  • la quantité du produit correspondant au traitement total prescrit,
  • la traçabilité (ordonnancier, étiquetage, fiche de fabrication).

A titre d’exemples, quelques essais pharmacotechniques sont proposés ci-dessous ; la liste, sans être exhaustive, est représentative de ce qu’il est possible de faire en officine sans difficulté particulière.

Remarque : Les Bonnes pratiques de Préparation prévoient une échantillothèque des préparations terminées pour les préparations par lot, mais en aucun cas pour les préparations magistrales.

Préparations solides pour la voie orale (cas des gélules)

Les gélules doivent être parfaitement fermées et le pharmacien doit vérifier :

  • le nombre d’unités délivrées.
  • l’uniformité des préparations unidoses. Les capsules doivent satisfaire à l’essai d’uniformité des préparations unidoses ou, dans les cas justifiés et autorisés, aux essais d’uniformité de teneur et/ou d’uniformité de masse présentés ci-après. L’essai d’uniformité de masse est facilement réalisable à l’officine.
  • l’homogénéité de la poudre contenue si mélange de poudres. Afin d’assurer cette homogénéité lors de la réalisation du mélange, on peut utiliser un traceur coloré inscrit à la Ph. Eur.

L’essai d’uniformité de masse des préparations présentées en unités de prises de la Pharmacopée Européenne (chap. 2. 9. 5.) est destructif car il nécessite d’ouvrir les gélules. Il est possible alors de réaliser un essai non destructif d’uniformité de masse des gélules préparées.

Exemple donné pour 20 unités :

  • pesée des 20 gélules vides servant à la préparation = M1 
    • M1/20 = masse moyenne d’une enveloppe = m1 
  • remplissage des 20 gélules 
    • pesée des 20 gélules remplies de poudre = M2 
  • M2  + M1 = M3 = masse totale de la poudre 
    • M3/20 = m = masse moyenne de poudre par gélule
  • Peser individuellement et précisément les 20 gélules pleines ; 
  • Retirer de chaque pesée individuelle m1, on obtient la masse de poudre contenue dans chaque gélule.

La masse de poudre contenue dans les gélules est comparée à la masse moyenne de poudre. Cet essai reflète la qualité du remplissage mais on ne peut conclure à une conformité à la Pharmacopée puisque l’essai est différent. La conclusion porte sur l’acceptation ou le refus des gélules préparées.

Les valeurs à retenir sont les suivantes :

Masse moyenne mEcart limite en % de la masse moyenne
Moins de 300 g± 10%
Plus de 300 g± 7,5%

Préparations liquides pour la voie orale

Il faudra veiller à vérifier :

  • La masse ou volume délivrable,
  • l’uniformité de masse de la dose délivrée par les récipients multidoses,
  • L’homogénéité,
  • La limpidité pour les solutions.

Dans le cas des suspensions : évaluation de la suspension obtenue : 

  • Bon écoulement de la suspension hors du flacon,
  • Homogénéité de la dispersion de la substance active (absence de sédiment ou de précipité, ce qui signifie que l’agent de suspension a été bien choisi).

Préparations semi-solides pour l’application cutanée

Il faudra vérifier :

  • L’aspect du tube ou du pot : nombre de plis, propreté… 
  • La masse unitaire : % d’erreur accepté = ± 10 % 
  • L’homogénéité : dispersion sans agglomérat ou dissolution des P.A. dans la phase adéquate.

Conditionnement et étiquetage

Le conditionnement sera adapté à la forme galénique réalisée et son état de propreté sera vérifié.

L’étiquetage comportera : Sans préjudice des dispositions de l’article R. 5132-15, l’étiquetage du conditionnement primaire et, s’il existe, du conditionnement extérieur des préparations mentionnées aux 1° à 3° de l’article L. 5121-1 porte, sur fond blanc, les mentions suivantes, inscrites de manière à être facilement lisibles, clairement compréhensibles et indélébiles (Art R 5121-146-2 CSP) :

Mentions relatives à l’identification de la préparation

  • Le nom ou la dénomination de la préparation, le dosage, la forme pharmaceutique et, le cas échéant, la mention du destinataire ( » nourrissons « ,  » enfants « ,  » adultes  » ou, le cas échéant, toute autre catégorie de patients dont les caractéristiques nécessitent une mention particulière) ; 
  • La composition qualitative et quantitative en substances actives par unité de prise ou, selon la forme d’administration, pour un volume ou une masse déterminé, en utilisant, le cas échéant, les dénominations communes ; 
  • Le contenu en masse, en volume ou en unités de prise
  • Lorsqu’il s’agit d’une préparation sous forme liquide, les mentions du b et du c sont remplacées par la quantité totale de chaque substance active dans le volume total de solution et la concentration en unité de masse par volume ; 
  • Les excipients qui ont une action ou un effet notoire. Toutefois, s’il s’agit d’un produit injectable, d’une préparation topique ou d’un collyre, tous les excipients sont mentionnés ; 
  • La voie d’administration si le produit est destiné à être administré directement au patient. 
  • Le mode d’administration, si nécessaire ; 
  • La mention  » Attention – Solution hypertonique  » en caractères gras et noirs sur fond bleu clair pour les solutions injectables hypertoniques, apposée perpendiculairement aux autres mentions) Lorsque la préparation est destinée à une autre voie d’administration que la voie orale, sublinguale ou perlinguale, l’étiquette porte la mention  » Ne pas avaler  » en caractère gras et noirs sur fond rouge ; pour les formes injectables susceptibles d’être administrées par voie orale, la mention  » Ne pas avaler  » peut être supprimée, sous réserve de respecter les prérequis fixés par les bonnes pratiques applicables aux préparations mentionnées à l’article L. 5121-5

Pour les préparations qui ne sont pas destinées à être administrées directement au patient et qui sont utilisées pour la réalisation d’autres préparations, l’étiquette comporte dans un encadré rouge et en caractères rouges la mention :  » Ne pas administrer – Réservé à la réalisation de préparations en pharmacie  » ainsi que les modalités d’utilisation.

Mentions relatives au numéro de lot et à la traçabilité

  • Le numéro du lot de la préparation réalisée par une officine, une pharmacie à usage intérieur ou un établissement pharmaceutique. Lorsque celle-ci est réalisée dans les conditions de sous-traitance mentionnées aux articles L. 5125-1 et L. 5126-2, le numéro du lot est celui de l’officine, de la pharmacie à usage intérieur ou de l’établissement pharmaceutique ayant réalisé la préparation ; 
  • Le numéro d’enregistrement de la préparation figurant sur le livre-registre ou dans le système informatisé ; 
  • La date limite d’utilisation ; 
  • Les précautions particulières de conservation, s’il y a lieu ; 
  • Le nom et l’adresse de la pharmacie à usage intérieur ou de la pharmacie d’officine ayant réalisé et dispensé la préparation ou le nom et l’adresse de l’établissement pharmaceutique ayant réalisé la préparation. Lorsque ladite préparation est réalisée pour le compte d’une pharmacie à usage intérieur ou d’une officine, le nom et l’adresse de la pharmacie à usage intérieur ou de l’officine ayant dispensé la préparation sont également mentionnés sur l’étiquette ou sur une contre-étiquette.

Remarques

  • Date limite d’utilisation : en principe, celle-ci ne doit pas dépasser un mois pour une préparation magistrale.
  • On peut également écrire : « conservation limitée à la durée de prescription » pour des traitements dont la durée est inférieure à 1 mois.
  • Des indications aidant au bon usage de la préparation (posologie…) peuvent être ajoutées sur l’étiquetage.

Bibliographie

  • Code de la Santé Publique et Code de déontologie – Consultable sur le site Légifrance.
  • Code de la Sécurité Sociale.
  • Assurance Maladie : site Ameli.
  • ANSM : site et publications.
  • Ordre des Pharmaciens : site et publications.
  • Pharmacopée européenne – 10ème édition.
  • Substances Vénéneuses- Listes et exonérations- 2009- Les éditions du Journal Officiel, Paris.
  • Bonnes pratiques de préparation. Publication au JO du 21/11/2007.
  • A. Le Hir, J.-C. Chaumeil, D. Brossard, C. Charrueau, S. Crauste-Manciet. Abrégé de Pharmacie galénique- Bonnes pratiques de fabrication- 10ème édition- 2016- Editions Masson, Issy- les- Moulineaux.
  • P. Wehrlé et coll. Pharmacie galénique- Formulation et technologie pharmaceutique- 2007- Editions Maloine, Paris.
  • C. Mautrait et R. Raoult. La préparation : mode d’emploi- 3ème édition- 2011- Editions du Porphyre, Paris.
  • J.-M. Fonteneau et et P. Klusiewicz. TP de préparation et de conditionnement des médicaments- 2ème édition- 2014- Editions du Porphyre, Paris.
  • O. Allo. La Préparation en un tour de main. 9ème édition- 2013 Editions du Porphyre, Paris.

Annexes

Annexe 1 : Médicaments n’ayant pas fait l’objet d’un conditionnement destiné au public ou matières premières destinées aux préparations

Annexe 2 : modèles d’étiquettes

Annexe 3 : Modèle de fiche de fabrication