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Autres missions du pharmacien d’officine

Mise à jour : juillet 2023

Même si depuis longtemps, le métier du pharmacien ne se limite pas à la préparation et la dispensation d’ordonnances médicales, les autres missions du pharmacien d’officine ont été beaucoup mieux définies par la loi HPST du 21 juillet 2009 qui donne un cadre de travail précis à toutes les activités de soins.

Nous nous appuierons sur ce texte pour présenter les missions afférentes au pharmacien d’officine en suivant le découpage proposé : tout d’abord les missions qui s’imposent à tout pharmacien, puis les autres missions (L 5125-1-1A du CSP).

Nous en profiterons pour faire un aparté sur les missions exceptionnellement confiées au pharmacien d’officine durant la crise sanitaire liée à la COVID-19, celles qui vont perdurer, et celles nouvellement apparues dans la Convention nationale pharmaceutique signée le 9 mars 2022.

Les missions de premier ordre

Les soins de premier recours

Le pharmacien doit tout d’abord contribuer aux soins de premier recours, tels que définis dans le code de la santé publique (L. 1411-11) :

  • La prévention, le dépistage, le diagnostic, le traitement et le suivi des patients ;
  • La dispensation et l’administration des médicaments, produits et dispositifs médicaux, ainsi que le conseil pharmaceutique ;
  • L’orientation dans le système de soins et le secteur médico-social ;
  • L’éducation à la santé.

Suite à la publication de l’arrêté du 1er août 2016 déterminant la liste des tests qui ne constituent pas un examen de biologie médicale, les pharmaciens d’officine sont autorisés à réaliser, dans un espace de confidentialité, trois tests de dépistage :

  • Test rapide d’orientation diagnostique des angines streptococciques (TROD) ;
  • Test de dépistage de la grippe ;
  • Test de dépistage du diabète.

Le pharmacien d’officine formé au préalable, sera en mesure de réaliser un TROD oropharyngé à streptocoque du groupe A. Cela permettra notamment d’éviter la dispensation d’un antibiotique dans le cas d’une angine virale et de contribuer à la lutte contre l’antibiorésistance. La réalisation de ce test se fera dans deux situations :

  • Sur initiative du pharmacien après évaluation des critères cliniques et détermination du score de Mac Isaac supérieur ou égale à 2.
  • Sur prescription d’un médecin, à l’issue d’une consultation médicale à l’aide d’une ordonnance conditionnelle.

Durant la pandémie de COVID-19, le pharmacien d’officine a été autorisé à réaliser des tests antigéniques pour détecter le SarsCov-2. Après une formation adaptée, il peut procéder à un prélèvement naso-pharyngé chez le patient, lui remettre le résultat et renseigner celui-ci sur la plateforme nationale SI-DEP (Systéme d’Information-DEPistage).

Des campagnes nationales telles que l’opération annuelle « Moi(s) sans tabac », Octobre Rose pour la prévention du cancer du sein, ou encore la campagne nationale de dépistage du diabète sont des mesures d’éducation à la santé.

À noter que le pharmacien d’officine est accompagné dans ses actions de prévention par le CESPHARM (le Comité d’éducation sanitaire et sociale de la pharmacie française) qui a pour vocation d’aider les pharmaciens à s’impliquer dans la prévention, l’éducation pour la santé et l’éducation thérapeutique du patient. Cette direction du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens fournit notamment de la documentation à destination des patients.

On peut également signaler le site PharmaReco qui propose des arbres décisionnels d’aide à la prise en soins des patients à l’officine.

Toutes ces opérations officinales n’ont de sens que si elles permettent une orientation des patients dans le système de soins, qu’il soit libéral ou hospitalier. Le pharmacien est ainsi un acteur incontournable pour répondre aux demandes de soins non programmées, puisque 40% des patients qui franchissent les portes des officines ne sont pas allés voir d’autres professionnels de santé avant de solliciter les conseils des membres de l’équipe de la pharmacie.

La coopération entre professionnels de santé

La coopération entre professionnels de santé est centrale et essentielle, car toute activité du pharmacien au service du patient ou de la santé publique n’a de sens que si elle est reliée à un principe général qui pourrait s’énoncer ainsi : « travailler ensemble au service du patient ». À cette fin, le pharmacien dispose de plusieurs outils.

En tout premier lieu, le dossier pharmaceutique (DP), qui est un parfait outil de coopération d’une part entre officinaux, d’autre part avec les services d’accueil des urgences y ayant accès. En effet, sur ce document électronique, figure l’historique médicamenteux quadrimensuel, ce qui en fait un instrument de lutte contre l’iatrogénie. Y figure aussi, l’historique vaccinal qui reste visible 21 ans ce qui rend le DP indispensable à la prévention de grandes maladies infectieuses. Malheureusement, il n’est pas accessible à l’ensemble des autres professionnels de santé. Désormais, l’ouverture du Dossier Pharmaceutique est automatique, sauf opposition de la personne. 

Ce qui n’est pas le cas du dossier médical partagé (DMP) qui a été lancé à l’automne 2018. Ce document, lisible par tous les professionnels de santé (un accès total ou partiel sera octroyé selon les métiers et selon l’avis du patient) est alimenté également par chacun d’entre eux ou par le patient lui-même, qui en garde à tout moment le contrôle. Le pharmacien l’alimente, entre autres, par l’intermédiaire du DP, mais peuvent y figurer également des compte-rendus hospitaliers ou radiologiques, des analyses biologiques, des informations de diagnostic ou d’allergies, etc. Le DMP a été remplacé par “Mon espace santé”, outil ayant les mêmes objectifs, mais une simplification d’utilisation et un accès plus aisé pour les professionnels de santé et les patients.

Afin de préserver ce secret professionnel et favoriser les échanges entre professionnels de santé, le pharmacien s’assure d’utiliser pour ces échanges, une messagerie sécurisée de santé qui permet des échanges d’informations protégés avec l’accord du patient (par exemple Mailiz®, proposée par les Ordres professionnels). Ces messageries sécurisées sont par exemple obligatoires dans le cadre de l’exercice pluriprofessionnel qui se développe de plus en plus en équipes de soins primaires (ESP), en maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP), voire en communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

La permanence des soins

Une des missions de cet exercice pluriprofessionnel est de rendre possible la permanence des soins. Toute personne doit pouvoir, à tout moment, bénéficier des soins de professionnels de santé organisés pour assurer la permanence de ces soins. Dans ce cadre, le pharmacien d’officine participe en particulier au service de garde. En outre, sa répartition démo-géographique exemplaire, ses compétences en conseils en santé et sa disponibilité en libre-accès sont un garant de cette permanence des soins.

Actions de veille et de protection sanitaire

Le pharmacien doit aussi concourir de manière plus exceptionnelle aux actions de veille et de protection sanitaire. Dans ce cadre, il participe à des actions de protection collective de la population dans le cadre d’épidémies, d’accidents chimiques ou nucléaires de manière coordonnée avec les autorités compétentes.

Là encore, son rôle a été mis en exergue au premier semestre 2020. Les équipes officinales ont été mobilisées de toute part pour assurer une distribution des équipements de protections individuels (principalement des masques), d’abord aux professionnels de santé, puis à la population fragile.

Le pharmacien est tenu de déclarer les potentiels effets indésirables liés à des médicaments (pharmacovigilance, pharmacodépendance), des dispositifs médicaux (matériovigilance) ou tout autre produit de santé (cosmétovigilance). Ceci constitue une obligation légale.

Le pharmacien se doit de rédiger des fiches d’intervention pharmaceutique dès lors qu’il identifie un problème lié à la thérapeutique médicamenteuse au moment de l’analyse pharmaceutique des prescriptions du patient. Ces fiches permettent une traçabilité des interventions réalisées par le pharmacien.

Missions facultatives

L’accompagnement des patients chroniques

Depuis quelques années, les pharmaciens d’officine participent également à des actions d’accompagnement ou d’éducation thérapeutique du patient (ETP).

La plus ancienne de ces missions consiste en la réalisation d’entretiens pharmaceutiques. Trois domaines comportant des risques importants pour la santé des personnes concernées ont été définis :

  • La prise de médicaments anti-vitamine K
  • La prise de médicaments anticoagulants oraux directs
  • La maladie asthmatique.

Dans ces trois domaines, il s’agit de suivre au long cours les patients concernés en développant chez eux une meilleure connaissance des pathologies et de leurs traitements tout en favorisant une conduite autonome et responsable. Le suivi de ces patients est réalisé bien sûr de manière coordonnée avec les autres soignants (médecins généralistes ou spécialistes, infirmières, etc.) qui sont tenus informés de ces entretiens.

Dans le même esprit, mais de manière plus récente et encore plus approfondie, les pharmaciens d’officine proposent des bilans partagés de médication (BPM). Le caractère interprofessionnel de ces bilans est bien souligné par le terme partagé. Il s’agit d’entretiens programmés qui concernent des patients âgés et polymédiqués chez qui le risque iatrogénique est élevé. En 2021 sont apparus les entretiens permettant l’accompagnement des patients sous anticancéreux oraux.

Au cours de ces deux types d’entretiens, le pharmacien recueille un maximum d’informations, tant personnelles que scientifiques ; ces informations peuvent concerner l’observance, les difficultés techniques ou cognitives rencontrées par le patient. Toute cette collecte conduit à une analyse partagée avec le patient et transmise à son médecin traitant à qui le pharmacien peut soumettre des pistes d’amélioration de prise en charge. Les entretiens dédiés aux thérapies anticancéreuses seront un moment opportun pour analyser les potentiels effets indésirables ressentis chez le patient.

Vaccinations

Vaccination antigrippale

Après deux années d’expérimentation, la vaccination antigrippale est devenue depuis le 1er mars 2019 une mission légale du pharmacien d’officine. Seul un pharmacien thésé et inscrit à l’Ordre a la possibilité de procéder à l’acte vaccinal, après avoir suivi une formation agréée. Des locaux adaptés et le respect d’un cahier des charges spécifique sont un préalable indispensable.

En savoir plus : Vaccination à l’officine (ONP)

Vaccination contre la COVID-19

Devant la persistance de la pandémie liée à la COVID-19, le pharmacien d’officine est désormais habilité à prescrire et à injecter le vaccin chez les patients éligibles.

N’hésitez pas à consulter la FAQ de l’Ordre des Pharmaciens ainsi que le site dédié à la Démarche Qualité officinale pour plus d’informations.

Autres vaccinations

Il est prévu que le pharmacien puisse prescrire et administrer les vaccins inactivés et recommandés chez les patients de plus de 16 ans. Sont concernés les vaccins DTCaP, HPV, méningite, pneumocoque, hépatites A et B et la rage.

NB : A ce jour, seule l’administration est possible, dans l’attente d’un arrêté précisant les conditions de prescription par le pharmacien (CNOP).

Nouveautés conventionnelles (2022)

Dépistage cancer colorectal

La nouvelle convention pharmaceutique permet au pharmacien d’officine de remettre aux patients, âgés de 50 à 75 ans, un kit de dépistage du cancer colorectal. La distribution de ces kits devra suivre les recommandations en vigueur (voir fiche Ameli). Le pharmacien devra quant à lui suivre une formation spécifique.

Entretien pharmaceutique avec la femme enceinte

Il s’agit de proposer un court entretien aux femmes enceintes pour les sensibiliser aux risques de la prise de certains produits durant la grossesse (tératogénicité, fœtotoxicité). Une remise de documents sera effectuée au cours de cet entretien (voir site Ameli).

Dépistage des infections urinaires

Indépendamment de la dispensation protocolisée, les équipes officinales pourront participer au dépistage des infections urinaires de la femme à travers la réalisation d’une bandelette urinaire. Cependant, ils ne pourront en aucun cas prescrire / dispenser un quelconque antibiotique même en cas de résultat positif en dehors de l’application d’un protocole ; il faudra alors orienter la patiente pour une prise en charge adaptée .

Autres modalités :

Le pharmacien référent en EHPAD

Le pharmacien peut également travailler comme pharmacien-référent d’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) non muni d’une pharmacie à usage intérieur. Dans ce cadre, il collabore à l’élaboration de mesures de prévention en direction des populations âgées. Le pharmacien référent doit être le garant de la sécurité du circuit pharmaceutique au sein de l’EHPAD sous la direction du chef d’établissement.

Il travaille tout particulièrement sur la prévention de l’iatrogénie, le bon usage des médicaments et l’amélioration de la couverture vaccinale. Si son activité est principale dans les EHPAD, elle peut également s’étendre à d’autres structures médico-sociales telles que les MAS (Maison d’accueil spécialisée), foyers d’accueil, etc.

Le pharmacien correspondant

Le pharmacien d’officine peut être désigné comme « pharmacien correspondant » par le patient dans le cadre d’un exercice coordonné (équipe de soins primaires, CPTS, centre et maison de santé). A ce titre, ils peuvent, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement des traitements chroniques et ajuster, au besoin, leur posologie. Cette mission est encore en cours de mise en œuvre. Elle tend à se développer notamment au travers d’expérimentations régionales dans des territoires fragiles (désertification médicale).

La télésanté à l’officine

Depuis le 6 décembre 2018, les pharmaciens sont en mesure de proposer des téléconsultations médicales depuis leur officine. Ce nouveau service nécessitera la mise à disposition de matériel adapté (vidéotransmission avec le praticien et certains objets tels qu’un tensiomètre, un oxymètre, un stéthoscope et otoscope connectés), le tout dans un local confidentialité (voir arrêté du 2 septembre 2019 et site ameli.fr).

Les téléconsultations ont bondi durant la crise sanitaire. Durant les mois de mars et avril 2020, plus de 5 millions de téléconsultations ont été enregistrées par l’Assurance Maladie (contre quelques milliers par semaine au préalable).

Le télésoin est une forme de pratique de soins à distance, utilisant les technologies de l’information et de la communication. Il met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux dans l’exercice de leurs compétences. Des réflexions sont en cours pour définir ses applications dans l’exercice officinal qui seront précisées par un texte réglementaire.

On peut imaginer qu’à terme le pharmacien puisse effectuer un entretien pharmaceutique ou un bilan de médication par ce moyen.