Les missions facultatives

Mise à jour : décembre 2023

L’éducation thérapeutique du patient

La plus ancienne de ces missions consiste en la réalisation d’entretiens pharmaceutiques. Trois domaines comportant des risques importants pour la santé des personnes concernées ont été définis : 

  • La prise de médicaments antivitamine K 
  • La prise de médicaments anticoagulants oraux directs 
  • La maladie asthmatique.

Dans ces trois domaines, il s’agit de suivre au long cours les patients concernés en développant chez eux une meilleure connaissance des pathologies et de leurs traitements tout en favorisant une conduite autonome et responsable. Le suivi de ces patients est réalisé bien sûr de manière coordonnée avec les autres soignants (médecins généralistes ou spécialistes, infirmières, etc.) qui sont tenus informés de ces entretiens.

Dans le même esprit, mais de manière plus récente et encore plus approfondie, les pharmaciens d’officine proposent des bilans partagés de médication (BPM). Le caractère interprofessionnel de ces bilans est bien souligné par le terme partagé. Il s’agit d’entretiens programmés qui concernent des patients âgés de plus de 65 ans et polymédiqués (plus de 5 principes actifs), chez qui le risque iatrogénique est élevé.

Une nouvelle mission est apparue durant la pandémie, et est passée quelque peu inaperçue, il s’agit de l‘accompagnement pharmaceutique des patients sous anticancéreux par voie orale. Cette mission semble primordiale, compte-tenu du besoin d’accompagnement des patients, des risques associés à la prise de ces médicaments pourvoyeurs de nombreux effets indésirables, et des coûts importants des molécules concernées. Une fois n’est pas coutume, il s’agit de profiter des connaissances et du lien social noué avec le pharmacien d’officine pour aider les patients à surmonter leur maladie. Au-delà de la gestion des effets indésirables souvent conséquents pour ces molécules ainsi que celle des interactions médicamenteuses, le pharmacien pourra accompagner le patient dans la pratique d’une activité physique adaptée, et un régime alimentaire approprié. Autrement dit, il s’agit, toujours en collaboration avec l’équipe pluridisciplinaire qui prend en charge le patient, de l’accompagner au mieux pour le rendre autonome, et ainsi améliorer l’observance de son traitement. 

Au cours de ces entretiens, le pharmacien recueille un maximum d’informations, tant personnelles que scientifiques ; ces informations peuvent concerner l’observance, les difficultés techniques ou cognitives rencontrées par le patient.

Le pharmacien tient compte aussi de l’environnement personnel, social et médical du patient. Il collecte les données biologiques et pharmaceutiques, dont les habitudes d’automédication. Toute cette collecte conduit à une analyse pharmaceutique poussée, partagée avec le patient et transmise à son médecin traitant, à qui le pharmacien peut soumettre des pistes d’amélioration de prise en charge. Chaque modification du traitement chronique conduit à un nouvel entretien.

Dans un cadre encore plus collectif, le pharmacien a toute sa place dans les programmes d’éducation thérapeutique du patient. Participer à ces programmes nécessite une formation théorique préalable de 40 heures à l’ETP. Ces programmes sont réalisés par des équipes pluriprofessionnelles et concernent la prise en charge de patients chroniques sur le long terme. Leur forme est bien définie : diagnostic éducatif conduisant à une alliance thérapeutique suivie de séances éducatives et d’une évaluation de ces actions. Ce type de programme trouve toute sa place et son financement dans le cadre des maisons de santé pluriprofessionnelles.

Plus récemment, le pharmacien a été valorisé dans son rôle de prévention en proposant un entretien aux femmes enceintes. Il s’agit pour lui de sensibiliser les femmes enceintes au risque tératogène ainsi qu’à l’importance de la vaccination. L’entretien se clôture par la remise de documents à la patiente. 

Pharmacien référent 

Le pharmacien peut également travailler comme pharmacien-référent d’EHPAD (Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) non muni d’une pharmacie à usage intérieur. Dans ce cadre, il collabore à l’élaboration de mesures de prévention en direction des populations âgées. 

Ce travail s’effectue en collaboration avec toutes les personnes concernées de l’EHPAD. Le pharmacien travaille tout particulièrement sur la prévention de l’iatrogénie, le bon usage des médicaments et l’amélioration de la couverture vaccinale. Si son activité est principale dans les EHPAD, elle peut également s’étendre à d’autres structures médico-sociales telles que les MAS (Maison d’accueil spécialisée), foyers d’accueil, etc.

Il faut néanmoins distinguer le pharmacien-référent du pharmacien dispensateur (celui qui fournit effectivement les traitements patients de l’établissement). Ces deux fonctions peuvent être cumulables par un même pharmacien ou non.

L’objectif d’un pharmacien-référent est de garantir et sécuriser au maximum l’ensemble du circuit du médicament dans les établissements par une intervention en termes de clinique, logistique, accompagnement, formation et communication tout en agissant en étroite collaboration avec les médecins coordonnateurs, l’équipe soignante et la direction. L’URPS Pharmaciens Grand Est dans son guide du pharmacien référent en EHPAD a recensé les points d’attention clés suivants :

  • La prescription ;
  • La préparation des traitements ;
  • L’administration de ceux-ci ;
  • La post-administration.

Ainsi, en collaboration avec le médecin coordonnateur, le pharmacien référent doit être le garant de la sécurité du circuit pharmaceutique au sein de l’EHPAD, sous la direction du chef d’établissement. Ces actions doivent permettre d’améliorer la qualité de la prise en charge des résidents, la réalisation d’économies sur le budget de soins des établissements, la mise en place des thérapeutiques complémentaires.

L’ensemble des tâches et missions nécessite une indemnisation du temps passé par le pharmacien. En se basant sur l’expérimentation de réintégration du médicament dans le forfait de soins de 2009 et la capitation versée aux pharmaciens référents et en s’appuyant sur le rapport IGAS traitant de ce sujet, une somme de 0.35 € par jour et par résident permet au pharmacien référent désigné d’obtenir une rémunération pour la réalisation de cette mission.

Pharmacien correspondant 

La loi de santé de juillet 2019 a simplifié la définition du pharmacien correspondant afin de favoriser sa mise en œuvre (suppression de la protocolisation et du bilan de médication pour l’ajustement de posologie).  A compter du 1er janvier 2020, un pharmacien peut être désigné comme pharmacien correspondant par le patient dans le cadre d’un exercice coordonné (équipe de soins primaires, CPTS, centre de santé et maison de santé).

Les pharmaciens correspondants peuvent, à la demande du médecin ou avec son accord, renouveler périodiquement des traitements chroniques, ajuster, au besoin, leur posologie (décret du 28 mai 2021). La prescription médicale doit comporter les mentions autorisant le renouvellement et/ou l’ajustement posologique par le pharmacien correspondant, de tout ou partie des médicaments. Ces derniers ne pourront être effectués que dans la limite de douze mois.

La dispensation sous protocole

Attendue depuis la Loi du 24 juillet 2019,  la dispensation sous protocole qui a été initiée dans le cadre de “Ma santé 2022” est désormais effective. Ainsi, dans le cadre d’un exercice coordonné, le pharmacien d’officine peut délivrer des médicaments listés, dans le strict respect des recommandations de la Haute Autorité de santé, ou renouveler des traitements pour certaines pathologies (décret du 21 janvier 2021). Une formation préalable est nécessaire et le pharmacien devra informer le médecin traitant du patient de la dispensation effectuée. 

A ce jour, des protocoles nationaux ont été définis pour les affections suivantes :

Suite aux difficultés rencontrées par les services d’accueil des urgences, des mesures dérogatoires ont été mises en œuvre durant l’été, et ce, jusqu’au 30 septembre 2022. Ainsi, les protocoles de coopération, initialement restreints à l’appartenance à une structure d’exercice coordonnée, ont été autorisés à la seule appartenance à une communauté professionnelle territoriale de santé pour faciliter leur mise en œuvre.

Maintien de l’état de santé 

Les conseils et prestations pouvant être proposés par les pharmaciens d’officine dans le but de favoriser l’amélioration ou le maintien de l’état de santé des personnes sont définis par le Décret n° 2018-84.

Le pharmacien peut tout d’abord mettre en place des actions de suivi et d’accompagnement pharmaceutique. Il prévient l’iatrogénie médicamenteuse. Il garantit le bon usage des médicaments et le suivi de l’observance en procédant à l’analyse des informations relatives au patient et à l’ensemble de ses traitements. Sauf opposition du patient, les préconisations qui en résultent sont formalisées et transmises au médecin traitant.

Puis dans un second temps, le pharmacien peut mettre en place des actions de prévention et de promotion de la santé parmi les domaines d’action prioritaires de la stratégie nationale de santé définie en application de l’article L. 1411-1-1. Dans ce cadre, il contribue aux campagnes de sensibilisation et d’information sur des sujets de santé publique. Il transmet aux différents publics concernés des informations scientifiquement validées sur les moyens de prévention et sur les maladies, avec le souci de délivrer un message adapté et accessible au public.

Enfin, le pharmacien peut participer :

  • À des actions d’évaluation en vie réelle de médicaments, de dispositifs médicaux et d’innovation thérapeutique en collaboration avec les autorités sanitaires ; 
  • Au dépistage des maladies infectieuses et des maladies non transmissibles ; 
  • À la coordination des soins en collaboration avec l’ensemble des professionnels concourant à la prise en charge du patient dans le respect de son parcours de soins coordonné par le médecin traitant mentionné à l’article L. 162-5-3 du code de la sécurité sociale.

La téléconsultation

Depuis le 6 décembre 2018, les pharmaciens sont en mesure de proposer des téléconsultations médicales depuis leur officine. Ce nouveau service nécessite la mise à disposition de matériel adapté (vidéotransmission avec le praticien et certains objets tels qu’un tensiomètre, un oxymètre, un stéthoscope et otoscope connectés), le tout dans un local confidentialité (voir arrêté du 2 septembre 2019 et site ameli.fr). 

De la même façon que le pharmacien perçoit une rémunération, le patient verra cette téléconsultation remboursée, au même titre qu’une consultation physique chez son propre médecin, dès lors que le parcours de soins sera respecté. L’objectif premier de la téléconsultation à l’officine est de répondre aux besoins médicaux dans les zones sous-denses et ainsi faciliter l’accès aux soins. 

Vous pourrez retrouver le témoignage d’une pharmacienne, pionnière en la matière, qui a débuté les téléconsultations dans le cadre d’une expérimentation dès 2010 (voir article). 

Le télésoin

Le télésoin est une forme de pratique de soins à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Il met en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux dans l’exercice de leurs compétences. Dès lors que le soin ne nécessite pas particulièrement de contact présentiel ou de matériel spécifique, le télésoin peut être envisagé par le pharmacien. Néanmoins, « le recours au télésoin relève d’une décision partagée du patient et du professionnel réalisant le télésoin » (décret du 3 juin 2021).

La Haute autorité de santé a publié un guide pour assurer la qualité et la sécurité du télésoin.